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LES GRANDS NOMS DU JAZZ (3)

Mister Jelly Roll Morton (1885 – 1941)

L’extravagant Mister Jelly Roll Morton
Le parti pris des chroniques bi-mensuelles « Grands Noms du Jazz » est de publier des portraits de  jazzwomen et de jazzmen dont le nom est supposé être connu du grand public, hors du cercle des jazzfans «premium» (celui des spécialistes pointus et des érudits…).
La chronique de ce jour fait exception car le nom de Jelly Roll Morton, étonnant personnage des tous débuts de l’histoire du jazz, «parle» surtout aux historiens de cette musique. Pourtant, à plus d’un titre, il nous a paru intéressant, d’inclure Ferdinand Joseph Lamothe (son véritable patronyme!) dans notre série d’articles quinzomadaires…
D’origine créole et française (son année de naissance exacte n’est pas connue : 1885 ou 1890?), pianiste brillant, il est très populaire à La Nouvelle-Orléans, au début du XXème siècle, en tant qu’interprète,  virtuose impressionnant, du ragtime. Cette musique syncopée a joué un grand rôle dans la naissance du jazz. Le ragtime est agréable à écouter mais c’est une musique «rigide», assez «figée». Les thèmes de ragtime se jouent à partir de partitions. Ou sont joués à partir de «rouleaux» pour les pianos mécaniques… A la différence du jazz le ragtime ne swingue pas et ne se prête pas aux improvisations… Jelly Roll va faire évoluer le ragtime en le transformant en une musique plus aérée, plus souple. Ouvrant ainsi la voie aux grands pianistes swing des années 30 comme Duke Ellington ou Count Basie.
Dans les innombrables «établissements de plaisir» de New-Orleans des ragtimes, sont joués sur le piano qui trône dans les salons «d’accueil». Ils sont destinés à créer une atmosphère «guillerette», très utile pour faire patienter les clients…
Dans son film, fort choquant, «La petite», Louis Malle, met en scène, longuement, la «mise aux enchères» d’une très jeune fille dans une «maison close» de la capitale de la Louisiane. Malle a dédié ce film à Jelly Roll Morton! Et son personnage est évoqué dans plusieurs scènes…
Jelly Roll ne se contentait pas de jouer dans les bordels, il fut aussi proxénète et fier de l’être.
Tout jeune il est déjà riche et célèbre à Storyville, le fameux quartier des «lanternes rouges» («Red Light Quarter»). Lanternes qui indiquent la porte d’entrée des « maisons de tolérance »…
Flambeur, il joue. Au poker. Beaucoup. Au billard aussi. Aux dés. Il porte des vêtements luxueux. Fréquente les truands. Il se fait incruster un diamant dans une incisive… C’est son hyper activisme sexuel, dont il se glorifie (il se pavane souvent avec deux belles femmes à ses bras!), qui l’a conduit à choisir un pseudonyme assez transparent : «Jelly Roll». Les musiciens afro-américains raffolent du « slang ». Un argot codé où les références salaces abondent. Dans cet argot le «jelly roll» est un « gâteau roulé ». Allusion évidente au sexe masculin!
Pendant de nombreuses années il va être pianiste itinérant. Musicien nomade il sillonne avec succès les Etats Unis… mais garde La Nouvelle-Orléans comme port d’attache. Il joue fréquemment à Chicago (avant même que cette ville ne devienne la capitale du jazz naissant dans les années 20). S’installe pendant 5 ans à Los Angeles où il devient éditeur de partitions. Compositeur prolixe et brillant il gagne beaucoup d’argent avec cette nouvelle activité.
Il fait imprimer des cartes de visite sur lesquelles il s’auto-proclame «inventeur du jazz»!

De 1926 à 1929 c’est l’apogée de sa carrière. Il fonde plusieurs orchestres considérés par les historiens du jazz comme vraiment innovants. Le plus populaire est les « Red Hot Peppers » (les « chauds » piments rouges!). Ses arrangements et compositions, enregistrés par des labels prestigieux, sont d’une grande modernité. Ses disques se vendent bien.
Mais, plus que jamais il est arrogant, désagréable, fanfaron, prétentieux et donneur de leçons. Il se met ainsi à dos le petit monde du jazz naissant.
En 1936, victime de la crise économique, il se retrouve pianiste de bar, dans un établissement fort modeste.

Un musicologue, Alan Lomax, le re-découvre par hasard et enregistre pendant de longues heures, ses incroyables souvenirs. Lomax tire de ces entretiens un livre passionnant.
Morton retrouve en 1939, à un moment où le style « new-orleans » revient à la mode, le chemin des studios d’enregistrements mais cette « renaissance » est de courte durée. Malade il meurt, quasi anonymement, en 1941.
Plusieurs albums publiés sous nom lors de ses périodes flamboyantes sont réédités régulièrement et témoignent de son talent et de son originalité. Certaines de ses compositions sont aujourd’hui encore jouées par de très grands jazzmen. Wynton Marsalis (l’idole de Jazz in Marciac) et Charlie Mingus ont écrit des thèmes qui lui sont dédiés. On trouve sur internet moult témoignages, à découvrir, de ses talents multiformes.

Pierre-Henri Ardonceau

Prochaine chronique: Sidney Bechet.

RENCONTRE DÉBAT AVEC HÉLÈNE DACCORD

Le rôle de la musique dans l’Histoire
Quelle place occupe la musique dans le concert des nations ?
Du sacre de Napoléon en 1804, qui valut à l’empereur l’inimitié à vie du compositeur Beethoven, à la visite de l’Orchestre
Philharmonique de New York en Corée du Nord en pleine crise nucléaire, en passant par les figures symboliques de Verdi et Wagner, ou le concert improvisé de Rostropovitch devant le mur de Berlin en 1989, Hélène Daccord relate avec intelligence et fantaisie ces scènes mémorables où le fracas des armes a laissé place à l’harmonie des instruments

Samedi 14 Octobre 2023 – 16 heures
Au PARVIS – Centre Leclerc – PAU
Réservations

LES GRANDS NOMS DU JAZZ

Tous les quinze jours, le samedi, retrouvez les portraits, petites et grandes histoires des musiciens qui ont marqué le jazz, par Pierre Henri Ardonceau, membre de l’Académie du jazz et collaborateur à Jazz Magazine.

Caricature : Philippe Moine

ELLA FITZGERALD (1917/1996)

Par Jacque MORGANTINI

Par PH ARDONCEAU

LES GRANDS NOMS DU JAZZ (2)

LOUIS ARMSTRONG (1901/1971)

Louis Armstrong (père du jazz, star mondiale) est né à la Nouvelle-Orleans, dans une famille pauvre et désunie. Tout jeune, laissé à lui même, il exerce avec débrouillardise beaucoup de petits boulots. Il chante dans les rues. A onze ans après avoir tiré en l’air, une pratique courante lors des soirées festives du nouvel an, il est envoyé dans un foyer pour enfants de couleur abandonnés. Pauvre et black… double malédiction au début du 20ème siècle dans les états du sud des Etats Unis où règne la ségrégation raciale. Mais ce qui aurait pu être une malédiction pour le jeune Louis va se révéler une chance. Car dans la maison d’éducation où il est pensionnaire il apprend à jouer du cornet. Il se révèle très doué sur cet instrument. Plus tard il optera pour la trompette. Dès sa sortie il joue dans les fanfares, dans les bals, dans les cabarets de Storyville (le quartier « chaud » de la Nouvelle Orleans) et il est recruté dans les orchestres des luxueux bateaux à aubes qui remontent le Mississippi. King Oliver star de la trompette dans la capitale de la Louisiane le prend sous son aile.
La fermeture du quartier des plaisirs en 1917 a entrainé l’exode de nombreux musiciens vers Chicago (où les gangsters accueillent à bras ouverts les jazzmen dans leurs luxueux cabarets). King Oliver installé à Chicago depuis quelques années y triomphe avec son « Creole Jazz Band ». Il demande à Armstrong de le rejoindre au début des années 20 et l’intègre dans son orchestre comme deuxième cuivre. Louis s’y révèle très vite brillant et il devient l’attraction du groupe. Il épouse la pianiste de l’orchestre Lil Hardin. Issue de la bourgeoisie noire, Lil est très cultivée. Lorsque Louis est arrivé à Chicago elle l’a trouvé un peu plouc! Elle va le métamorphoser: changement de look, régime amincissant. C’est elle qui va diriger et booster sa carrière pendant quelques années. Elle impulse la création de deux orchestres mythiques dont Louis est la vedette: Les Hot Five et les Hot Seven où Armstrong est mis en valeur. Après la maison d’éducation… Lil fut la deuxième grande chance d’Armstrong.
Il devient aussi tête d’affiche  dans les clubs new-yorkais, en multipliant les aller/retours NY/Chicago. Au milieu des années 20 son jeu de trompette devient impressionnant: puissant, original.
En 1927 son solo sur le thème West End Blues est considéré comme un chef d’oeuvre absolu. Pour les historiens du jazz il signe là les véritables débuts du jazz. Pour Maurice André, le très grand trompettiste classique, ce morceau est un « monument » incontournable de la trompette, tous genres confondus. Beaucoup de trompettistes l’ont appris par cœur en tentant de le jouer à la note près.
Entre 1923 et 1930 il participe à plus de 300 enregistrements et tourne beaucoup aux USA. L’ Europe commence aussi à s’intéresser à lui. Le célèbre imprésario français Jacques Canetti, grand découvreur de talents, l’invite à Paris en 1934 et lui trouve de très nombreux engagements. Mais le jeu d’Armstrong, tout en puissance et générosité, abîme gravement ses lèvres, qui saignent après les concerts. Il demande à Canetti d’alléger le nombre de ses prestations. Face au refus de celui-ci, il rompt son contrat et rentre aux USA. Après une période de repos sa carrière repart de plus belle.
Acteur dans des « soundies » (ancêtres des scopitones) et dans de nombreux films, il multiplie aussi, à nouveau, enregistrements et concerts.
Il devient populaire bien au delà du cercle des jazzfans.
Dans les années 50 il forme un sextet qui joue dans le style New Orleans qu’il « revisite ». Ce sextet tourne dans le monde entier. Il devient « ambassadeur » culturel des USA.
Il chante souvent en « scat » : brillantes et surprenantes improvisations vocales à partir d’onomatopées. Sa manière de métamorphoser et de magnifier des chansonnettes a beaucoup contribué à sa célébrité auprès des publics populaires, comme pour C’est si bon ou La vie en rose. Sa version d’Hello Dolly fut un tube mondial.
Sympathique, toujours souriant, drôle. Son humour est souvent surprenant. Lors d’une rencontre avec le pape Paul VI, qui lui demandait s’il avait des enfants, il répondit « Non et pourtant avec mon épouse on s’entraîne tous les soirs ! ».
L. Armstrong est mort à 69 ans. Il a donné des concerts pratiquement jusqu’à la fin de sa vie.

PS:Sur internet de nombreux fichiers audios et vidéos d’Armstrong sont à visionner ou à écouter. Un régal!

PH Ardonceau

06/10/2023 – Capbreton _PH. CHANGE, CÉLIA MARISSAL ET LE SWINGIN’BAYONNE

Rappel : Tarif normal : 20 € – Jeunes de 12 à 18 ans : 10 € – gratuit pour les moins de 12 ans
Accueil à partir de 20h00 – début du concert 21h – Placement libre

Nous vous rappelons  que vous avez la possibilité d’acheter vos billets à l’avance en cliquant sur le lien suivant  : https://www.helloasso.com/associations/jazz-partner-s/ et de vous laisser guider jusqu’à la validation du paiement et l’impression du billet ou le téléchargement sur votre téléphone. 
Vous n’aurez plus à attendre à l’accueil à l’entrée de la salle et vous pourrez aller directement vous installer, après avoir présenté votre billet.

Sinon, le paiement des billets se fera à l’accueil de la salle, le soir du concert. Pour garantir la fluidité de notre accueil, si vous souhaitez régler par chèque, nous vous invitons à le libeller par avance à l’ordre de Jazz Partner’s. Nous souhaitons limiter le paiement en espèces, même si nous l’acceptons, par souci de sécurité, mais nous n’acceptons pas les cartes bancaires.
Pour celles et ceux qui souhaitent adhérer à notre association : Adhésion 2023 : 20 € –  Elle marque votre engagement à nos côtés pour soutenir le monde de la culture, ses artistes et techniciens.

Si des amis souhaitent se joindre à vous, merci de nous indiquer par mail leurs nom et prénom.
A l’issue du concert, une rencontre est prévue à la Salle Océane (à l’étage)  pour échanger avec les musiciens et vous désaltérer, si vous le souhaitez, à la buvette prévue à cet effet.

Au plaisir de vous y accueillir,

Chaleureusement
Blandine

Association JAZZ PARTNER’S
5, avenue Bizet
40130 CAPBRETON
06 88 87 13 00
jazz.partners40130@gmail.com

12/10/2023 -Jazz Ocean – Ray Layselle Quintet

Ray Layzelle (UK) Saxo Alto – Patrick Cabon Piano – Omar Akil Little (NYC) Trompette – Laurent Aslanian ContrebasseAntoine Gastinel Batterie.
Ray Layzelle choisit le saxophone à 13 ans et obtient une bourse pour The B.R.I.T. Scholl of performing arts à Londres. Il crée son premier quartet et joue au Ronnie Scott’s Jazz Club de Londres.En 2004 il s’installe en France et joue notamment au Duc des Lombarts avec de talentueux musiciens tels qu’Alain Jean-Marie; Diego Imbert; Nicola Sabato; Patrick Cabon.Il nous présentera un quintet de jazz be bop, hard bop, dans la même veine que les formations de Charly Parker ou Cannonball Adderley.
Soleil des Antilles Avenue Cumba 64210 Bidart
Ouverture des portes: 19h30  Concert: 20h30 Restauration simplifiée et boissons sur place. Stationnement rond-point Picard / Jardiland.
Entrée: 25€ – par virement IBAN FR 76 1005 7194 5500 0207 2020 195 – par chèque à l’ordre de Jazz Ocean – en espèces, merci de prévoir l’appoint.
Pour vous inscrire au concert :je réserve ou téléphoner au 06 64 46 45 20

Bien chaleureusementJean – Claude BarbierPrésident de Jazz Ocean
N.B. Nous ne prenons les réservations que pour ce concert. Pour les concerts ultérieurs la réservation n’est ouverte qu’à réception de l’invitation. Merci de votre compréhension.

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LES GRANDS NOMS DU JAZZ

Tous les quinze jours, le samedi, retrouvez les portraits, petites et grandes histoires des musiciens qui ont marqué le jazz, par Pierre Henri Ardonceau, membre de l’Académie du jazz et collaborateur à Jazz Magazine.

La Naissance du Jazz

Avec le cinéma et la bande dessinée, le jazz fait partie de ce que les encyclopédies nomment les arts du XXeme siècle.Apparus il y a environ un siècle, tous trois ont été à leur naissance méprisés par les aristocraties intellectuelles conservatrices. Les processus de leur reconnaissance et de leurlégitimation par les élites et les diverses «académies» ont été lents et complexes. Né aux Etats-Unis dans les années 20, le jazz a été longtemps considéré comme « une musique de sauvages écoutée par des dégénérés ». Aux USA certains religieux l’ont exorcisé car c’était à leurs yeux« la musique du diable».
Le jazz est le fruitd’un incroyable métissage, reflet du fameux « melting-pot » américain. Au début des années 1900, la Nouvelle Orléans est un port ouvert surle monde et sur le Mississippi. Dans cette ville festive et cosmopolite, la présence, entre autres, d’un nombre considérable d’« établissements de plaisir » (euphémisme pour « bordels ») et de grands bateaux à aubes offre moult possibilités de travail pour les musiciens, car il faut distraire« clients» et passagers.
De nombreuses musiques animent en permanence cette grande cité : ragtime, percussions africaines, chants d’esclaves, blues, negro_spirituals, gospels, musiques créoles, fanfares (les fameux« brassbands» où règnent les cuivres), opéra, opérettes… Tout en cohabitant au départ, tous ces styles musicaux ont commencé à se «combiner» et, vers 1920, est apparue une toute nouvelle musique (irréductible à ses composantes, qui ont fusionné). Totalement originale. Un jazz archaïque. Préhistorique. Assez mécanique… Ex à Chicago.
Pour des raisons complexes (entre autres: la fermeture complète par les autorités, pendant la première guerre mondiale, du quartier des plaisirs), les musiciens qui le pratiquaient ont été obligés de s’exiler à Chicago. Dans la «capitale du crime», les gangsters (en quelque sorte véritables « mécènes » du jazz naissant !) les ont accueillis dans leurs clubs luxueux. Où ils contournaient alors allègrement les loi de la prohibition…
Le jazz concocté à Chicago va devenir la matrice définitive de cette nouvelle musique, dont les principales caractéristiques vont ensuite perdurer (tout en évoluant) jusqu’à nos jours. Quelles sont-elles? Leswing (un rythme ternaire, organique, loin du binaire lourdaud des fanfares et des marches militaires), l’improvisation, l’individualisation des sonorités instrumentales (chaque jazzman a son propre style) et une couleur harmonique particulière venue du blues (les « bluenotes,,).
Tous les grands noms du jazz qui seront présentés tous les 15 jours dansnos colonnes respectent, chacun à leur manière, ces caractéristiques.
Le jazz a été la « bande-son (concerts, radios, enregistrements, musiques de films), très populaire, des sociétés occidentales pendant les années 30 à 50. En France, il a influencé de nombreux chanteurs comme Charles Trenet, Henri Salvador, Charles Aznavour ou Claude Nougaro… Brassens aussi, jazz fan enthousiaste.
Le jazz est aujourd’hui fortement concurrencé par d’autres formes musicales (souvent ses propres« enfants»)… comme le rock, la soul, le rythm and blues et même le rap (des rappeurs se disent influencés par le jazz). Et pourtant nos lecteurs (mêmes s’ils ne sont pas des jazz fans premium…) découvriront à travers les portraits qui seront publiés, qu’ils connaissent pratiquement tous les patronymes des célèbres jazzmen et jazzwomen que nous avons sélectionnés…
Un peu de leasing, pour vérifier notre assertion. Seront présentés, entre autres: LouisArmstrong, Duke Ellington, Count Basie, Ella Fitzgerald, Django Reinhardt, Lionel Hampton, Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Thelenious Monk, Miles Davis, John Coltrane, Ray Charles…

Pierre Henri Ardonceau

Début le 23 septembre avec le« père du jazz », Louis Armstrong.

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