Les Grands Noms du Jazz (8)

CAB CALLOWAY (1907/1994)

Cab Calloway (1907/1994)
« Mr. Hi. De. Ho. »
Sorti en 1980, « Les Blues Brothers » est un film culte pour les amoureux du rhythm and blues, de la soul music, du blues et du jazz. Le disque de la bande originale de ce long métrage s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires en France! Au générique, de très grands noms : James Brown, Aretha Franklin, Ray Charles, John Lee Hooker et… Cab Calloway !
Au début des années 80 Cab Calloway a 73 ans et il n’est alors pas connu du grand public.
Mais la longue séquence où il interprète son tube « Minnie the Moocher », dans une grande salle de concert emplie de jeunes gens surexcités, a marqué, durablement, pas seulement les millions de spectateurs présents dans les salles obscures mais aussi les très nombreux fans qui l’ont vu ou revu lors de multiples diffusions TV et séances de joyeux visionnages du DVD avec amis et…famille. Ce film est consensuel et trans-générationnel…
Le refrain de Minnie The Moocher est « scatté » (chanté en onomatopées). La surprenante formule « Hi De Ho » (prononcée: « aïe-di-oh » !), répétée moult fois, est reprise en choeur avec enthousiasme, dans un énorme éclat de rire par le public…
Aux USA, en 1931 la popularité de « Minnie The Moocher » créée et chantée par Cab Calloway était telle, que son interprète fut surnommé : « The Hi-De-Ho Man » !
La participation de Cab Calloway aux « Blues Brothers » marque le début d’une renaissance… Qui va se prolonger ensuite pendant une bonne dizaine d’années. Il chanta et dansa sur scène jusqu’à plus de 80 ans…
La carrière de Calloway a connu des hauts et des bas…
Dans les années 30 il est ultra populaire. C’est l’époque du jazz « classique », celle de l’ère du swing (la « swing era » comme disent les érudits, pour faire chic…). En Amérique du Nord ce jazz « facile » et dansant est alors « partout » : concerts (aussi bien en clubs que dans des salles immenses), émissions de radio, bals, opérettes de Broadway, films… Le jazz est incontestablement la « bande son » de cette période.
Tout jeune Cab Calloway n’aime pas l’école… La rue est son royaume. Il joue, un peu, en dilettante, de la batterie. Sa soeur ainée Blanche Calloway, qu’il admire, est fort connue dès 1921. Elle joue dans des comédies musicales où tous les protagonistes sont afro-américains. Il la supplie de lui trouver un petit rôle… Il accepte même pour cela de suivre quelques cours de chants… Il a à peine 15 ans lorsqu’elle réussit à le faire recruter. Bingo… Fasciné par le monde du spectacle il persiste et signe. Il se « fabrique » très vite un personnage assez incroyable de chanteur et danseur excentrique. Tout jeune on le trouve dans les « batailles » de grands orchestres dans les prestigieux cabarets d’Harlem. A 21 ans il est embauché au fameux Cotton Club avec un « big band » qu’il vient juste de créer… En remplacement de Duke Ellington parti en tournée ! Il se trouve ainsi mêlé à de sombres batailles entre les gangsters propriétaires de ces clubs harlemites. Ses biographes racontent que cela ne lui déplait pas… Flambeur, joueur impénitent (dés, courses, poker), grand séducteur se posant même parfois en « protecteur » (!) de belles jeunes femmes.
Pendant toutes les années 30, avec son grand orchestre, il « règne » sur Harlem. Mais pas que ! Tournées triomphales aux USA et en Europe, ventes énormes de 78 tours, vedette de courts métrages et de films hollywoodiens à succès. Il collectionne les « tubes ». La presse people de l’époque le met souvent en une…
La clientèle uniquement blanche (ségrégation oblige) et riche des clubs chics d’Harlem adore s’encanailler en l’écoutant pratiquer le « jive », l’argot branché des afro-américains, plein de sous-entendus sexuels… Il fume de l’herbe et sniffe de la coke. Dans un court métrage il le montre même explicitement…
Il popularise le « zoot suit ». Une tenue vestimentaire extravagante que portent tous les branchés de l’époque. Veste descendant largement en dessous des genoux, pantalon large mais resserré au niveau des chevilles, chaine à la ceinture… En France pendant l’occupation les zazous qui adoraient Calloway et le jazz imitèrent ses tenues vestimentaires.
Puis… vint le déclin. Dettes de jeu, problèmes économiques pour gérer un grand orchestre, naissance du jazz moderne… Il se retrouve au creux de la vague… Il est même obligé un temps de se produire « en attraction » pendant les spectacles des basketteurs des Harlem Globe Trotters. Une comédie musicale de Gershwin le remet en scène quelques temps… Mais le temps de la gloire semble passé… Jusqu’à la sortie des « Blues Brothers » et au retour des succès mondiaux pratiquement jusqu’à la fin de sa vie…

Pierre-Henri Ardonceau

Séquence culte du film les Blues Brothers

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