Archives de catégorie : Culture

LES GRANDS NOMS DU JAZZ (2)

LOUIS ARMSTRONG (1901/1971)

Louis Armstrong (père du jazz, star mondiale) est né à la Nouvelle-Orleans, dans une famille pauvre et désunie. Tout jeune, laissé à lui même, il exerce avec débrouillardise beaucoup de petits boulots. Il chante dans les rues. A onze ans après avoir tiré en l’air, une pratique courante lors des soirées festives du nouvel an, il est envoyé dans un foyer pour enfants de couleur abandonnés. Pauvre et black… double malédiction au début du 20ème siècle dans les états du sud des Etats Unis où règne la ségrégation raciale. Mais ce qui aurait pu être une malédiction pour le jeune Louis va se révéler une chance. Car dans la maison d’éducation où il est pensionnaire il apprend à jouer du cornet. Il se révèle très doué sur cet instrument. Plus tard il optera pour la trompette. Dès sa sortie il joue dans les fanfares, dans les bals, dans les cabarets de Storyville (le quartier « chaud » de la Nouvelle Orleans) et il est recruté dans les orchestres des luxueux bateaux à aubes qui remontent le Mississippi. King Oliver star de la trompette dans la capitale de la Louisiane le prend sous son aile.
La fermeture du quartier des plaisirs en 1917 a entrainé l’exode de nombreux musiciens vers Chicago (où les gangsters accueillent à bras ouverts les jazzmen dans leurs luxueux cabarets). King Oliver installé à Chicago depuis quelques années y triomphe avec son « Creole Jazz Band ». Il demande à Armstrong de le rejoindre au début des années 20 et l’intègre dans son orchestre comme deuxième cuivre. Louis s’y révèle très vite brillant et il devient l’attraction du groupe. Il épouse la pianiste de l’orchestre Lil Hardin. Issue de la bourgeoisie noire, Lil est très cultivée. Lorsque Louis est arrivé à Chicago elle l’a trouvé un peu plouc! Elle va le métamorphoser: changement de look, régime amincissant. C’est elle qui va diriger et booster sa carrière pendant quelques années. Elle impulse la création de deux orchestres mythiques dont Louis est la vedette: Les Hot Five et les Hot Seven où Armstrong est mis en valeur. Après la maison d’éducation… Lil fut la deuxième grande chance d’Armstrong.
Il devient aussi tête d’affiche  dans les clubs new-yorkais, en multipliant les aller/retours NY/Chicago. Au milieu des années 20 son jeu de trompette devient impressionnant: puissant, original.
En 1927 son solo sur le thème West End Blues est considéré comme un chef d’oeuvre absolu. Pour les historiens du jazz il signe là les véritables débuts du jazz. Pour Maurice André, le très grand trompettiste classique, ce morceau est un « monument » incontournable de la trompette, tous genres confondus. Beaucoup de trompettistes l’ont appris par cœur en tentant de le jouer à la note près.
Entre 1923 et 1930 il participe à plus de 300 enregistrements et tourne beaucoup aux USA. L’ Europe commence aussi à s’intéresser à lui. Le célèbre imprésario français Jacques Canetti, grand découvreur de talents, l’invite à Paris en 1934 et lui trouve de très nombreux engagements. Mais le jeu d’Armstrong, tout en puissance et générosité, abîme gravement ses lèvres, qui saignent après les concerts. Il demande à Canetti d’alléger le nombre de ses prestations. Face au refus de celui-ci, il rompt son contrat et rentre aux USA. Après une période de repos sa carrière repart de plus belle.
Acteur dans des « soundies » (ancêtres des scopitones) et dans de nombreux films, il multiplie aussi, à nouveau, enregistrements et concerts.
Il devient populaire bien au delà du cercle des jazzfans.
Dans les années 50 il forme un sextet qui joue dans le style New Orleans qu’il « revisite ». Ce sextet tourne dans le monde entier. Il devient « ambassadeur » culturel des USA.
Il chante souvent en « scat » : brillantes et surprenantes improvisations vocales à partir d’onomatopées. Sa manière de métamorphoser et de magnifier des chansonnettes a beaucoup contribué à sa célébrité auprès des publics populaires, comme pour C’est si bon ou La vie en rose. Sa version d’Hello Dolly fut un tube mondial.
Sympathique, toujours souriant, drôle. Son humour est souvent surprenant. Lors d’une rencontre avec le pape Paul VI, qui lui demandait s’il avait des enfants, il répondit « Non et pourtant avec mon épouse on s’entraîne tous les soirs ! ».
L. Armstrong est mort à 69 ans. Il a donné des concerts pratiquement jusqu’à la fin de sa vie.

PS:Sur internet de nombreux fichiers audios et vidéos d’Armstrong sont à visionner ou à écouter. Un régal!

PH Ardonceau

La lettre de Maître Jacques

BLUES WORDS   –   PAROLES DE BLUES

Que peuvent bien raconter les Bluesmen dans leurs morceaux ?

morgantini02Bien sûr, en premier, ce qu’ils ressentent, ce qui les émeut, ce qui les révolte, ce qui les touche :
l’amour, le jeu, l’alcool, l’injustice du racisme, la guerre, la prison, la malchance….et aussi ce qu’ilks observent autour d’eux, ce qui fait rire, mais aussi pleurer !

Pour exprimer cela, utilisation fréquente du « SLANG », l’argot des noirs US, qui est le moyen idéal pour communiquer avec les « frères », sans être compris par le monde blanc !
Moyen de défense des opprimés : un langage codé, l’argot !
Le blues est un témoignage, un défouloir parfois, mais aussi une musique de résistance !
Il reflète chez les meilleurs artistes, ce qu’il y a de plus profond, de plus secret en eux !

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LE STYLE BOOGIE-WOOGIE

morgantini02 Le style boogie-woogie est une manière très ancienne de jouer le blues au piano, notamment sur tempo moyen, ou vif !
Le « boogie-woogie » date des premiers temps du jazz. Ce nom apparaît pour la première fois sur un disque de 1928 enregistré par le pianiste Pinetop Smith, c’est le fameux Pinetop’s Boogie-Woogie qui sera une référence pour de nombreux autres pianistes (broyeurs de touches !). Continuer la lecture de LE STYLE BOOGIE-WOOGIE

LA PULSATION !

morgantini01La pulsation en Jazz (et en Blues) a une importance primordiale, de sa vigueur, de sa souplesse naît le SWING, qui est en fait, la qualité supérieure de cette musique ! C’est ce swing qui rend l’audition du Jazz tellement exaltante, et qui donne des fourmis dans les jambes ! C’est également lui (le SWING), qui le différencie de toutes les autres musiques ! Car, encore une fois, sans swing pas de grand Jazz !

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COMMENT ON A EXPLOITE ET PILLE LA MUSIQUE DES NOIRS US !

morgantini02Tout au long du 20ème siècle, toutes les expressions artistiques des noirs des USA ont été une véritable mine inépuisable dans laquelle les blancs ont pu puiser sans vergogne. Ces plagiaires se sont installés sur le devant de la scène (avec tous les avantages) au détriment des authentiques créateurs qui sont restés souvent dans l’ombre où même tout simplement ignorés, et ce dans tous les styles, dans toutes les facettes créées par la vitalité créatrice, les dons et même le génie de cette population. Le Gospel, le Blues, puis le Jazz ont été l’émanation de l’âme noire depuis l’abolition de l’esclavage aux USA. Ce fût le triomphe pacifique et tonique des noirs sur l’oppression des blancs !

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