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« LES ÉGARÉS » – 13 et 14 février 2025 – JAZZ À PAU Théâtre St Louis et PLACE DU FOIRAIL

Théâtre ST LOUIS et Le FOIRAIL

Jeudi 13 Février 2025 – 20 heures – Théâtre St Louis
Vendredi 14 Février 2025 – 20 heures _ Le Foirail

Ballaké Sissoko (Kora)
Vincent Segal (Violoncelle)
Émile Parisien (Sax soprano)
Vincent Peirani (Accordéon, accordina)

En Savoir plus

Ballaké Sissoko, Vincent Segal, Émile Parisien et Vincent Peirani sont des artistes passionnés qui ont su transcender les frontières géographiques et culturelles pour créer une musique universelle. Ce quatuor d’exception, réuni dans l’album Les Égarés, crée une fusion magique entre la kora, le violoncelle, le saxophone et l’accordéon. De cette musique naît une alchimie palpable formant une harmonie captivante. Car c’est bien une unité d’esprit et une fluidité du son que créent ensemble ces individualités bien trempées, méprisant toute compétition d’ego pour se mettre au service du bien musical commun.
Ni jazz ni traditionnel, ni classique ni avant-gardiste, mais un peu de tout cela à la fois, ce quartet fonde un territoire poétique indépendant où l’oreille est l’instru­ ment-roi. Où la virtuosité s’exprime d’abord dans l’art d’être complices. Où le si simple et si grandiose désir d’écouter l’autre aboutit à la naissance d’un singulier chant à quatre voix

VENTE DES BILLETS À l’.UNITÉ À partir du jeudi 22 août 2024 :
❖ Par Internet : https://eboutique.pau-pyrenees.com/
❖ Au guichet de l’Office de Tourisme
❖ À la borne du Foirail
❖ À la caisse du soir sur le lieu du concert
– Tarif plein: CAT A, 35 €
– Tarif réduit: 20 €
– Tarif Jeune*** : 10 €

Si vous ne pouvez pas pas vous rendre au concert, cédez votre place en la proposant à d’autres personnes.
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54 E CHICAGO BLUES FESTIVAL – 6 et 7 Décembre 2024 – JAZZ À PAU PLACE DU FOIRAIL

Le FOIRAIL

Vendredi 6 Décembre 2024 – 20 heures
Samedi 7 Décembre 2024 – 20 heures

1ère Partie : NICO WAYNE TOUSSAINT 4TET

Nico WAYNE TOUSSAINT (Chant, harmonicas, guitare)
Michel FOIZON (Guitare)
Romain GRATALON (Batterie)
Rémi GRANGÉ (Basse)

Biographie

Voilà près de 30 ans que Nico Wayne Toussaint joue le blues en tant qu’harmoniciste et chanteur. Formé à l’école des clubs de blues américains qu’il fréquente depuis l’âge de 19 ans, il a développé une approche unique de la scène où énergie, charisme, harmonica et feeling sont portés par un groupe soudé et efficace. Il s’est produit depuis sur certains des festivals les plus prestigieux du circuit. Nico a le souci d’amener son blues partout où on le lui demande, dans l’esprit du Chicago Blues et des grands maîtres du genre.

2ème Partie : FEAT STEPHEN HULL, DAVE HERRERO & SHERYL YOUN6BLOOD

Stephen Hull (guitare, voix)
Samuel Winterheimer (basse)
Victor Reed (batterie)
Sheryl Youngblood (batterie, voix)
Dave Herrero (guitare)

www.youtube.com/watch?v-1oBIV924388
www.daveherrero.com
sherylyoungbloodband.com

Le mythique Chicago Blues Festival lancé en 1969 à Pau par Jean-Marie Monestier et accueilli par Jacques Morgantini, Didier Tricard et leurs amis, célèbre son 54è automne en 2024. La tournée pré­ sente un mélange intergénérationnel de talents, avec en tête d’affiche Stephen Hull, un prodige de 25 ans originaire du Wisconsin, accompagné de son groupe Experience qui signe son premier album en 2024 avec le label Alligator. Sans formation musicale formelle, Stephen, influencé par des légendes comme Albert King, BB King et Elmore James, a commencé à jouer de la guitare à 14 ans. Il sera accompagné de Sheryl Youngblood, chan­teuse-batteuse reconnue sur la scène blues de Chicago et ancienne membre du groupe de gospel primé The Tommies, et de Dave Herrera, guitariste et producteur originaire de Tampa Bay, établi à Chicago. Herrera a produit un album de Jimmy Burns et se produit régulièrement avec son groupe Hero Brothers. La tournée 2024 propose un plateau inédit, promettant des performances mémorables !

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Richard BONA GROUP – 15 et 16 Novembre 2024 – JAZZ À PAU PLACE DU FOIRAIL

Le FOIRAIL

Vendredi 15 Novembre 2024 – 20 heures
Samedi 16 Novembre 2024 – 20 heures

Richard BONA (Basse, voix)
Michael LECOQ (Claviers)
Giro MANNA (Guitare)
Nicolas VICCARO (Batterie)
AlexandreHERICHON (Trompette)

Biographie

De Minta au Cameroun à Paris, puis à New York, lorsque Harry Belafonte le repère, Richard Bona va entamer alors une nouvelle carrière aux Etats­ Unis, où il réside toujours aujourd’hui. C’est dans ce pays, que dans les années 1990, Joe Zawinul voit en lui un héritier de Jaco Pastorius, et lui propose de devenir un élément clé de son Syndicate.
Incroyable showman, Richard va se faire un nom ­ notamment grâce à son groove unique. Il transpose les différentes rythmiques du continent Africain dans les lignes de sa basse et va de fait enrichir beaucoup de genres musicaux, au point d’être considéré comme un des meilleurs bassistes de la planète, collaborant avec Quincy Jones, Stevie Wonder, Bobby McFerrin…
Avec plus d’une quinzaine d’albums à son compteur, Richard Bona croise les styles et les époques dans des sonorités mêlant les traditions d’Afrique à leurs héri­ tages outre-Atlantique. Nous sommes impatients de le retrouver au Foirail avec un nouveau projet ! Une grande première à Pau !

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– Tarif Jeune*** : 10 €

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JAZZ A PAU SAISON 2024 – 2025

AYO

Le FOIRAIL

Vendredi 13 Septembre 2024 – 20 heures
Samedi 14 Septembre 2024 – 20 heures

RICHARD BONA GROUP

Le FOIRAIL

Vendredi 15 Novembre 2024 – 20 heures
Samedi 16 Novembre 2024 – 20 heures

54ème CHICAGO BLUES FESTIVAL

Le FOIRAIL
Vendredi 06 Décembre 2024 – 20 heures
Samedi 07 Décembre 2024 – 20 heures

SISSOKO – SEGAL – PARISIEN – PEIRANI
Les Egarés

THEATRE ST LOUIS et Le FOIRAIL

Jeudi 13 Février -2025 – 20 heures – Théâtre St Louis
Vendredi 14 Février 2025 – 20heures _ Le Foirail

CHUCHO VALDES ROYAL 4TET

Le FOIRAIL

Vendredi 21 Mars 2025 – 20 heures
Samedi 22 Mars 2025 – 20 heures

JOHN SCOFIELD TRIO

Le FOIRAIL

Vendredi 11 Avril 2025 – 20 heures
Samedi 12 Avril 2025 – 20 heures

THOMAS DUTRONC

Hors Abonnement

Mardi 29 Avril 2025 – 20 heures

KAREEN GUIOCK THURAM « NINA »

Le FOIRAIL

Vendredi 23 Mai 2025 – 20 heures
Samedi 24 Mai 2025 – 20 heures


BILLETTERIE & TARIFS*
A Pau Pyrénées Tourisme
– Jusqu’à l’automne 2024 au 9 rue Henri IV à Pau
– Puis place Royale
Du lundi au samedi de 9h à 18h et le dimanche de 9h30 à 13h

Ou par Tél. 05 59 27 27 08

Ou par Internet contacter : bllletterle@tourlsmepau.fr

ABONNEMENT 7 CONCERTS Uniquement au guichet de l’Office de Tourisme, du vendredi 28 juin au samedi 17 août 2024 inclus:
– Tarif plein : 200 €
– Tarif réduit* : 115 €
– Tarif Jeune* : 60 €

ABONNEMENT DÉCOUVERTE FOIRAIL Au guichet de l’Office de Tourisme, du jeudi 5 au samedi 14 septembre inclus :
4 spectacles (1 Théâtre à Pau, 1 Jazz à Pau, 1 OPPB, 1 Espaces Pluriels) + 2 places du cinéma le Méliès: 120 €

VENTE DES BILLETS À l’.UNITÉ À partir du jeudi 22 août 2024 :
❖ Par Internet : https://eboutique.pau-pyrenees.com/
❖ Au guichet de l’Office de Tourisme
❖ À la borne du Foirail
❖ À la caisse du soir sur le lieu du concert
– Tarif plein: CAT A, 35 € / CAT B au Théâtre Saint Louis ou strapontin au Foirail, 20 €
– Tarif réduit: 20 € (cat. A ou B selon places disponibles)
– Tarif Jeune*** : 10 €
– Paradis : gratuit dans la limite des places disponibles
à l’ouverture de la billetterie le soir du concert (pas de
réservation possible)

SAUF CONCERT DE THOMAS DUTRONC
HORS ABONNEMENT AU ZENITH

Billetterie ouverte auprès du Zénith, sur www.zenith-pau.com
et dans les réseaux de ventes habituels.
– Tarif plein : 1re cat. 50€ / 2è cat., 38€
– Tarif réduit et jeunes : 1re cat.., 45€ / 2è cat., 25€
Les abonnés de Jazz à Pau et Théâtre à Pau bénéficient du tarif réduit pour ce concert

Tarif réduit : Sous réserve du vote des tarifs par le Conseil municipal du 24 juin 2024 Tarif reduit : demandeurs d’emploi, et bénéficiaires des minima sociaux (RSA, AS$, Al, MH, AS) Elèves de la section Jazz du Conservatoire Pau Béarn Pyrénées. Sur présentation d’une pièce d’identité et d’un justificatif. « ‘ Jeunes de moins de 26 ans et accompagnants de groupe. Paiement par le biais du Pass Culture accepté. Sur présentation d’une pièce d’identité.

Les Grands Noms du Jazz (17)

THELONIOUS MONK (1917/1982)

Le mystérieux…
Evoquer en quelques lignes la vie et l’oeuvre de Thelonious Monk n’est pas chose facile… Tant le personnage est (vraiment !) complexe. « Surréaliste, imprévisible, fou, génie des plus singuliers à la limite de l’autisme, silencieux, déglingué, excentrique, insolite, poète énigmatique, ours bougon, ovni du jazz aux tenues vestimentaires extravagantes, musicien hors- norme… ». Telle est la liste, bien incomplète, des avis de spécialistes de l’oeuvre de Monk, collectés en préparant ce portrait…
A l’âge de 4 ans la famille s’installe à New-York. Pas à Harlem, mais dans un quartier multi-ethnique où les affrontements entre communautés sont fréquents et violents. Mère aimante. Père très vite absent pour troubles psychiatriques. Il y a un piano à la maison. Les enfants suivent des cours. Thelonious pratique assidument l’instrument familial. Tout jeune il gagne des concours amateurs. A 17 ans il part, pour deux ans, en tournée dans l’Amérique profonde avec une prédicatrice évangéliste. Après l’avoir quittée, il joue beaucoup à la tête de petits groupes, dans des bars et des clubs de New-York. Son jeu est alors très influencé par le style dit piano « stride ». Un style qui a précédé et engendré le jazz swing. Un de ses voisins James P. Johnson maître du stride lui a donné des conseils. A 21 ans, en 1941, il est recruté au Minton’s Playhouse, club mythique de Harlem.
C’est au Minton’s que le be-bop (le jazz moderne) est né.
Chaque soir, très tard, de jeunes et brillants jazzmen y participent à des jam-sessions jusqu’à l’aube. Charlie Parker, Dizzy Gillespie, Kenny Clarke et … Monk, entre autres, y inventent, sans le vouloir ni le savoir explicitement, mais très joyeusement, un nouveau style.
Après avoir joué avec des grands orchestres dont celui de Dizzy Gillespie, il est recruté, en 1944, par Coleman Hawkins, grand maître du saxophone ténor de l’époque, pour se produire dans un cabaret prestigieux : l’Onyx Club. C’est avec lui que Monk enregistre son premier disque.
Mais, paradoxalement, au moment où le jazz moderne triomphe Monk va traverser une période difficile qui va durer plus de dix ans. Il ne tient pas à renouveler ses expériences orchestrales auxquelles son monde musical ne peut guère s’adapter. Il refuse de jouer le répertoire habituel des pianistes de son temps. Sa musique est alors considérée trop « sauvage », trop « brutale », trop fondamentalement nouvelle et originale pour séduire de prime abord. Tout est déroutant, en effet, dans le jeu et les thèmes de Monk. Ni traits élégants, ni style coulant, ni mélodies charmeuses mais dissonances et décalages rythmiques surprenants. Et, paradoxalement, séduisants !
L’usage de stupéfiants complique sa situation. Arrêté plusieurs fois pour possession de « substances » interdites, des policiers racistes et violents le frappent à coups de matraque. Il fait un séjour en prison et en hôpital psychiatrique. Longtemps privé de sa carte syndicale de musicien à cause de condamnations, il lui est impossible de jouer dans les clubs new-yorkais pendant plusieurs années.
Mais cela ne l’empêche pas d’enregistrer de nombreux albums pour des labels prestigieux (Blue Note, Riverside..). Ces disques, à l’époque, ne se vendent pas très bien. Ils sont devenus depuis cultissimes !
En 1954 il joue en concert et enregistre à Paris. Lors de ce séjour parisien il rencontre la très étonnante (c’est le moins qu’on puisse dire!) baronne Nica de Koenigswarter. Elle est riche, fascinée par le petit monde du jazz, vit à New York et aide de multiples manières ses amis jazzmen qu’elle promène dans le rues de la « grosse pomme » dans sa superbe… Bentley !
En 1957 Monk joue quelques mois avec John Coltrane : un disque en témoigne. Chef d’oeuvre : deux géants en pleine harmonie.
Puis, jusqu’au milieu des années, 70 Monk se produit, avec succès, en concert dans le monde entier. Son style original a, enfin, été adopté par les jazzfans et au delà. Il joue, généralement en quartet avec un saxophoniste. Son comportement sur scène est étrange. Pendant les solos du saxophoniste : il se lève, abandonne le clavier, tourne en rond tel un derviche tourneur, les yeux fermés et… rejoint le piano au moment précis où le saxophoniste termine son solo!
En 1976 Monk se retire définitivement de la scène jazz. Il réside dans la grande maison de Nica, au bord de l’Hudson. Ne quitte pratiquement plus son lit, ne parle quasiment plus et ne joue plus du magnifique piano à queue qui trône dans le salon de la baronne. Il se laisse mourir et décède à 65 ans. Foule énorme à son enterrement en présence au premier rang de l’église de sa femme Nellie et de Nica.
Il nous reste ses disques et la soixantaine de ses magnifiques et étonnantes compositions dont la plus connue : « Round About Midnight » (« Autour de minuit »).
Indispensable : visionner le magnifique documentaire « Straight No Chaser », produit par Clint Eastwood, pour voir et entendre, « en vrai », tout ce qui vient d’être dit ici!Téléchargement gratuit sur internet :

Pierre-Henri Ardonceau

Les Grands noms du Jazz (16)

MILES DAVIS (1926/1991)

Le Picasso du Jazz
Miles Davis est une figure incontournable du jazz. Un des très rares jazzmen dont la popularité va bien au-delà du public des jazzfans. A plusieurs reprises, en à peine une cinquantaine d’années, Miles Davis a totalement « chamboulé », le paysage du jazz moderne. Enfant du be-bop il va être l’inventeur et le propagateur brillant et séduisant de plusieurs styles novateurs.
Fils d’un dentiste aisé et cultivé de l’Illinois, Miles Davis commence à jouer de la trompette à l’âge de treize ans et devient professionnel à 16. Il découvre, émerveillé, le jazz moderne lorsque Charlie Parker et Dizzy Gillespie jouent dans le cadre d’une tournée à St Louis, sa ville natale. Il décide en 1944 de les rejoindre à New-York. Son père finance son installation ainsi que son inscription, fort coûteuse, dans la prestigieuse école musicale Juilliard. Les études à la Juilliard ne le passionnent guère. Il participe aux fameuses jam-sessions nocturnes du « Minton’s », le club où est né le jazz moderne (le be-bop). « J’ai plus appris en une nuit au Minton’s qu’en deux ans d’études à la Juilliard School ! » a-t-il écrit dans ses mémoires. Il désire ardemment rencontrer C. Parker son idole. Il le cherche chaque soir dans les clubs où il est censé jouer. Mais Parker, déjà prisonnier de ses addictions multiples, est difficile à « localiser » dans ses erratiques déambulations new-yorkaises. Leurs premières rencontres déconcertent Miles. Parker est semi-clochardisé. Imprévisible ! Mais, même « déglingué », Parker est lucide. Il conseille Miles : « Ne te défonce jamais, ce n’est pas la dope qui donne le talent ! ». Miles n’a malheureusement pas toujours écouté ce conseil… Dizzy Gillespie fait partie en 1944 du quintet de Parker mais très vite il ne supporte plus ses excès et errances. Il quitte le groupe et… Parker recrute Miles. Ce qui change le son du quintet. Miles ne joue pas du tout comme Dizzy. Il n’en a ni la virtuosité ni la puissance. Il a un son lisse. Il propose un « jazz de brume » très différent du « jazz de braise » des trompettistes be-bop. Son jeu est intériorisé, épuré, sans vibrato, déployant un discours apparemment minimaliste dans lequel le temps semble suspendu. « Ce n’est pas la peine de faire des tas de notes. Il suffit de jouer les plus belles » a-t-il déclaré lors d’une interview.
En 1949 un court séjour à Paris lui « laisse un goût de bonheur ». Sa musique y est bien accueillie et surtout il rencontre Juliette Gréco. Coup de foudre, qui a perduré toute sa vie, pour la chanteuse « germanopratine ». Pas de ségrégation raciste à cette époque dans le milieu qu’il fréquente à Paris (Vian, Sartre…). Il a pour la première fois la sensation, comme il le dira dans son autobiographie « d’être traité comme un être humain ». Très amoureux de Juliette Gréco, il ne l’épousera pas. A l’époque, les unions « mixtes » entre Noirs et Blancs sont encore illégales dans de nombreux États américains. Il déclara à ce propos : si elle était venue vivre avec moi aux USA elle aurait été traitée de « pute à négros » !
Il rentre à New-York pour finaliser un projet : jouer une musique très différente du be-bop. Il a créé pour cela un nonette expérimental, à l’instrumentarium original. Ce nonette joue un répertoire totalement nouveau, magnifié par de superbes et complexes arrangements (début d’une collaboration féconde avec Gil Evans). Un disque mythique « Birth of the Cool », témoigne de cette singulière (et courte) expérience. La naissance du jazz cool ! Première révolution « davisienne ». Il y en aura beaucoup d’autres. Car tel Picasso et ses multiples « périodes » dans le monde pictural, Miles va changer plusieurs fois de style en proposant d’étonnantes et profondes évolutions de l’univers jazzistique. Miles ne fut pas seulement un génial innovateur, il fut aussi un remarquable « dénicheur » de jeunes talents. Qui, après avoir été découverts et « formés» par Miles deviendront des grands noms du jazz.
La carrière de Miles a, en 45 ans, connu seulement deux vicissitudes: une addiction à l’héroine dans les années 50 et une assez longue et mystérieuse « disparition » de la scène musicale, de 1975 à 1981, principalement due à des raisons médicales.
Miles a « régné », successivement, sur le be-bop, le jazz cool, le hard-bop, le jazz modal, le jazz fusion (très électrique…), puis sur le pop-jazz et même, au crépuscule de sa vie, sur sa dernière et sidérante innovation, le jazz hip-hop (avec des influences rap !). A chaque étape il a enregistré de superbes albums cultissimes comme Kind of Blue en 1959 (avec John Coltrane au saxophone, considéré comme un des albums les plus importants de la musique du XXe siècle), Sketches of Spain (en 1960 avec une sublime version du Concerto d’Aranjuez), Antibes 63 (avec sa dernière « découverte »… un batteur prodige de 16 ans : Tony Williams…), Tutu (tube mondial avec Marcus Miller) et… tant d’autres.
Fascinant: à chacune de ses métamorphoses musicales Miles a changé totalement de look (vestimentaire et capillaire…). Une consultation sur internet des fichiers images de Miles Davis est littéralement sidérante ! A vos claviers…

Pierre-Henri Ardonceau

Les Grands noms du Jazz (15)

ERROLL GARNER (1921/1977)

L’enchanteur
Erroll Garner est né à Pittsburgh. De nombreuses pointures du jazz, de tous styles, sont originaires de cette grande cité de Pennsylvanie. Il est le sixième enfant d’une famille de musiciens : papa, maman, ses trois sœurs et ses deux frères chantent ou pratiquent à un bon niveau un instrument. Tous, sauf lui, ont suivi des cours académiques de musique. Il joue du piano en autodidacte. Fier de l’être. Surdoué, à l’oreille absolue, il refuse les partitions et « joue de mémoire ». Tout jeune il commence à jouer en public dans sa ville natale où il y a de nombreux clubs et il accompagne des chanteuses qui apprécient son sens inné de l’harmonie. Il décide en 1944 de s’installer à New-York. Il y enregistre son premier tube « Boogie Woogie Boogie»: virtuosité et inventivité harmonique impressionnantes. Gros succès. Assez incroyable, il est engagé en 1945, à 24 ans, dans un lieu prestigieux (le Three Deuce, dans la 52 ème rue de Manhattan, surnommée alors « la rue du jazz ») pour remplacer Art Tatum génie du piano jazz. Le club fait le plein chaque soir. A partir de ce moment, sa carrière est lancée. Et pendant plus de trente ans il va enregistrer de nombreux disques qui se vendent fort bien et il va multiplier concerts et tournées qui emplissent les salles dans le monde entier. En 1947 il surprend ses admirateurs en enregistrant un disque avec Charlie Parker, le père du jazz moderne. Surprise car à l’époque il s’était tenu à l’écart des querelles qui enflammèrent les amateurs de jazz autour de la question du  « vrai »  (le jazz classique) et du « faux » jazz (le jazz moderne né autour de 1945) en pratiquant… « son » jazz. Et uniquement le sien, inclassable… « hors catégories» ! Mais pour ce disque avec Parker il avait exceptionnellement changé son jeu de main gauche très personnel. Au lieu de marquer tous les temps avec celle-ci, comme à son habitude, il avait accepté de jouer dans l’esprit du be-bop : en plaçant les accords de manière discontinue! Il ne rejoua plus jamais comme dans cette séance avec C. Parker !
Erroll Garner mesurait 1m55 . Il trimballait à chaque concert un énorme annuaire téléphonique qu’il posait sur son siège pour se hisser à bonne hauteur de son clavier!
Son style pianistique profondément original s’est tenu en dehors des modes. Il l’a inventé et il s’y est tenu toute sa vie. Il n’a pas été imité. Garner utilise toutes les dynamiques du piano avec maîtrise et finesse. Swinguant, inventif, étincelant, flamboyant. Improvisateur singulier proposant toujours moult moments surprenants : « pyrotechniques », selon la formule d’un célèbre critique de jazz. Sa main droite joue avec un subtil décalage rythmique par rapport à sa main gauche qui marque le tempo de manière imperturbable légèrement en arrière du temps. Décalage créant une aérienne sensation de balancement. A l’écoute de ses disques on ressent ce léger décalage mais… il est difficile de le décrire, de l’analyser simplement. On le ressent. Souvent il chorusait d’une manière assez bluffante avec de longs solos en accords similaires joués des deux mains (nota pour « faire chic »: dire jeu « en block chords » !). Garner a surtout joué en trio (piano, contrebasse, batterie) et parfois en quartet avec l’adjonction d’un percussioniste. Ses accompagnateurs ne prenaient jamais (ou quasiment jamais) de solos. L’accompagner n’était pas tâche aisée : il était connu pour ne pas prévoir les morceaux qu’il allait jouer pendant un concert. Pas de « play list », comme on dit, donnée à la rythmique. Qui plus est, en général ses introductions en solo, étaient assez « délirantes » et ne permettaient pas de deviner le thème qu’il allait jouer…
Un concert triomphal qu’il avait donné en 1955 en Californie a été enregistré et publié. Le disque, « Concert by the Sea », qui en a été tiré s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à sa sortie. Il continue à se vendre et est considéré par les spécialistes comme l’un des plus importants disques de piano jazz.
Garner a enregistré de nombreux tubes. Souvent des morceaux lents. Comme « Laura », qui s’est vendu à plus de 500 000 exemplaires, thème d’un  film d’Otto Preminger : arpèges romantiques, lyrisme sans retenue… Il était plus interprète que compositeur (car ne sachant pas écrire la musique, il enregistrait ses idées sur magnétophone) mais avec « Misty » une de ses rares compositions il a signé en 1954 une des plus belles ballades de l’histoire du jazz. « Misty » est devenu un standard repris par de nombreux jazzmen. En 1971 Clint Eastwood a fait de ce thème un motif central de son premier film en tant que réalisateur : « Play Misty for me » (titré en France « Un frisson dans la nuit »). Le succès du film a encore renforcé la notoriété d’Errol Garner. À partir de 1974, atteint d’un cancer des poumons, il ne se produit plus sur scène et meurt en 1977 à 56 ans.

Pierre-Henri Ardonceau

Les Grands Noms du Jazz (14)

DIZZY GILLESPIE (1917/1993)

L’excentrique. Trompettiste virtuose.
Sa trompette au pavillon incliné vers le haut, ses joues gonflées à bloc comme celles d’un crapaud, sa joie de vivre et son humour ravageur sont pour beaucoup dans sa popularité auprès du grand public. Les jazzfans pointus, eux, le vénèrent. Comme l’un des pères fondateurs du jazz moderne dans les années 40. Son style spectaculaire, original, expansif et… joyeux, en concert comme dans les enregistrements de sa longue carrière, les séduit et les enthousiasme.  Enfin, pour ses pairs, il est considéré comme un virtuose hors normes. Sa virtuosité qui exploite toutes les possibilités sonores de la trompette, jusqu’à ses notes les plus hautes, se caractérise par un jeu risqué, rapide, acrobatique, impressionnant…
Trompettiste, mais pas que. Dizzy était aussi… chanteur (désopilant !), compositeur prolixe (cf entre autres son célébrissime thème « A night in Tunisia ») et chef d’orchestre (petites formations et big bands).
John Birks Gillespie, son véritable patronyme, est le benjamin d’une famille de musiciens de neuf enfants. Initié à la musique dès l’âge de 4 ans il débute au trombone mais très rapidement, à 12 ans, il choisit définitivement la trompette. Boursier il est admis dans un un cursus d’études musicales de haut niveau… qu’il abandonne à 18 ans pour devenir musicien professionnel.
A 20 ans il débarque à New-York où il multiplie les expériences en jouant dans différentes formations. Il s’y fait remarquer, pas seulement comme excellent instrumentiste (impressionnante vitesse de jeu, improvisations débridées…), mais aussi par ses multiples facéties ! Son côté farceur lui valent le surnom de « Dizzy »… « Diz » dans l’argot des jazzmen d’alors était synonyme d’un peu « cinglé » ! Dizzy : « tout fou mais… pas fou ! », comme l’a écrit un de ses biographes.
Cab Calloway très populaire à la fin des années 30. En 1939 il engage Dizzy dans son grand orchestre. Il a 22 ans. Il reste presque 3 ans avec Cab Calloway, en dépit de leurs relations, humaines et musicales, pas vraiment très chaleureuses… Calloway trouve que les solos de Diz ressemblent à de la « musique chinoise » ! Mais surtout, les farces quotidiennes de Dizzy l’agacent…. Notamment des jets de boulettes de papier dans le dos du « chef » pendant les concerts… Dizzy est finalement licencié. Mais ses qualités de soliste et de bon « lecteur » de partitions lui permettent de retrouver immédiatement de nombreux engagements. Comme, entre autres, avec Ella Fitzgerald, Coleman Hawkins, Earl Hines ou Duke Ellington.
Au milieu des années 40 Dizzy participe très activement à la naissance du style be-bop (le jazz moderne). Fort tard dans la nuit (« after work »… après le boulot « alimentaire »!) de jeunes et talentueux musiciens se retrouvent dans quelques clubs new-yorkais pour de légendaires jam-sessions. Charlie Parker, Thelonious Monk, Kenny Clarke, Charlie Christian, Bud Powell et beaucoup d’autres inventent ainsi, en improvisant, une nouvelle forme de jazz. Tout en prolongeant toutes les qualités du jazz classique (le jazz swing des années 30) ils innovent : vitesse d’exécution, acrobaties musicales, harmonies originales… Dans la foulée en 1947 Dizzy introduit des rythmes venus de Cuba dans le jazz en intégrant de spectaculaires percussionnistes dans ses groupes. Bingo ! Be-bop et jazz afro-cubain : deux musiques qui vont le faire triompher dans le monde entier.
Venu à Paris en 1948 avec son grand orchestre, composé de jeunes be-boppers, Dizzy a déclenché une bataille d’Hernani… Des intégristes du « vrai jazz » se sont violemment affrontés verbalement (et même, paraît-il, un peu, physiquement) dans les couloirs de la Salle Pleyel avec les modernistes fans du be-bop. Dizzy avait mis « à feu et à sang » le petit monde du jazz parisien ! Dans ses mémoires (To Be or Not to Bop) il a raconté que cela l’avait beaucoup amusé !
Avec une personnalité aussi flamboyante, drôle et emblématique que Dizzy le jazz moderne a été très vite programmé, sans problème, dès les années 50 dans moult concerts et festivals à travers le monde.
A ce propos un bel exemple, tout près de Pau : Jazz in Marciac. Au début, à partir de 1978, les fondateurs du festival gersois avaient décidé d’axer leur programmation sur le jazz traditionnel. Mais découvrant que Juan les Pins, Nice, Nimes avec des têtes d’affiche « modernes » obtenaient des audiences fort importantes, il fut décidé d’ouvrir Marciac au jazz moderne… Qui fut choisi pour cette ouverture ? Dizzy bien sûr ! Et, en 1985, sous un petit chapiteau Dizzy a fait un malheur. Il est revenu ensuite plusieurs fois, avec grand succès à Marciac, dans différentes formules. Et sous des chapiteaux de plus en plus grands…
En 1956 les Etats Unis l’ont nommé officiellement, « Ambassadeur du jazz », pour faire connaître le jazz dans le monde. Choix judicieux.
En 1964 il s’était déclaré candidat à l’élection présidentielle américaine. Toujours son sens de l’humour, dans son programme: rebaptiser la Maison Blanche pour en faire la Maison du Blues !
Il adorait la France qui le lui rendait bien. Lors d’un Grand Echiquier, Maurice André l’immense trompettiste classique qui considérait Armstrong et Gillespie comme des génies de la trompette, avait « coudé » en direct dans un grand éclat de rire, en le tordant, le pavillon de son instrument pour rendre hommage à Dizzy !