Archives de catégorie : Portraits

« BLUESANIA » – Julien Brunetaud

Sortie imminente du dernier album de Julien BRUNETAUD « BLUESANIA« . Comme à l’habitude un mélange de compositions de l’auteur et de reprises, de très grande qualité autour du blues et du boogie.
Julien BRUNETAUD (Chant, piano, composition).
Kevin DOUBLE (Harmonica).
Patrick FERNE Contrebasse)
Igor PICHON (Guitare).

« Mon premier périple en Louisiane, c’était la Nouvelle Orléans, j’avais à peine vingt ans. Dèjà accro à cette musique je suis parti sur les traces de Professor Longhair et James Booker ou de Roosevelt Sykes, pour sentir l’héritage énorme qu’ils avaient laissé. En écumant les clubs, du Maple Leaf au Tipitina’s j’essayais d’integrer quelques éléments dans mon jeu. Puis je me suis retrouvé par magie, au Vaughan’s Lounge, comme dans un vieux Juke Joint, à marteler les ivoires toute la nuit et enchainer une série de concerts où l’expérience a dépassé mes rêves. Le Blues est encore plus brut en remontant le Mississipi, j’allais sur les pas d’Otis Spann, qui a marqué mon jeu d’une empreinte indélébile.

« BLUESANIA » est fait de 6 compositions et 6 reprises, influencées par ces voyages et les rencontres que j’ y ai faites. A la base je voulais enregistrer un Piano solo mais cela m’a semblé évident d’inviter mon ami Kevin Doublé puis Patrick Ferné et Igor Pichon pour sublmer le son accoustique de cet album. Aux prises de son j’ai fait appel à Christian Gaszczuk, réputé pour son traitement très naturel.

Comme Otis Spann l’avait fait pour enregistrer Otis in The Dark, eteignez la lumière et laissez-vous emporter par ce vent de Blues Louisiannais. »

Julien Brunetaud

Un extrait en duo au cours d’un concert à Cagnes sur Mer le 11/08/2023

RV avec Pierre BOUSSAGUET

Pierre Boussaguet, c’est un peu la mascotte de PAU JAZZ. Il est venu nous voir souvent et nous le réinviterons, c’est sûr.

Son maître, le légendaire Ray Brown, lui donna un jour un curieux conseil :
« Rends-toi dans un champ et brûle tous mes albums ! Tu n’en n’as plus besoin…Tu dois maintenant voyager, explorer et c’est cela qui révèlera le contrebassiste, le musicien que tu es ».
De nombreuses années passées ensuite auprès de Lalo Schifrin et du regretté Michel Legrand ont définitivement convaincu Pierre Boussaguet :
Les chapelles, très peu pour lui !
Bien sûr, le swing reste sa colonne vertébrale !
Mais, le classique, la chanson, le funk, le tango, la valse…Tout ça fait partie de lui !
Lui qui a appris les bases du métier en animant des bals !
Cette richesse, cet éclectisme se retrouvent sur le projet « Meeting Point »…Un double CD, disponible sur son site, débordant de musique et de générosité et pour lequel Pierre Boussaguet s’est entouré des gens qu’il aime :
TSF JAZZ du 06/12/2021

Pour la sortie de son nouveau disque « MEETING POINT », avec
La violoniste Sharman Plesner, le batteur André Ceccarelli, plusieurs pianistes : Giovanni Mirabassi, Hervé Sellin, et Jean-Michel Bernard…
De Natalie Dessay à Claude Egéa, en passant par le trompettiste Eric Giausserand qui l’accompagne ce midi dans Deli Express !

Ecoutez le podcast du 06/12/2021 où Pierre Boussaguet est reçu à TSF JAZZ.


Ecoutez le podcast du 06/12/2021 où Pierre Boussaguet est reçu à TSF JAZZ.

Vincent Bourgeyx

Vincent Bourgeyx

Né à Bordeaux en 1972, il commence l’étude du piano à l’âge de 7 ans. Après des études de musicologie à l’Université de Bordeaux, il intègre le Berklee College of Music de Boston où il restera 4 ans. Il forme alors son propre trio américain avec lequel il jouera régulièrement aux USA et au Japon.
Vincent Bourgeyx sera le premier étudiant à obtenir le prix du fameux Billboard magazine, qui lui permettra de terminer ses études gratuitement. Diplômé de l’école en 1997, il s’installe ensuite à New York où il devient un membre très actif de la scène new-yorkaise. En 1998 Vincent fait partie du quartet du légendaire tromboniste Al Grey, avec qui il tournera jusqu’à la mort de ce dernier, en février 2000. Pendant plus de 5 ans, Vincent Bourgeyx est aussi membre régulier du quartet de Jane Ira Bloom avec Mark Dresser et Bobby Previte. Aux Etats-Unis, Vincent Bourgeyx a l’occasion de travailler avec les musiciens suivants : les saxophonistes Ravi Coltrane, Mark Turner, Billy Pierce, Craig Handy, Donald Harrison, Eric Alexander, Richie Cole, Greg Tardy, Grant Stewart,

Marcus Strickland …. Les batteurs Bobby Durham, Ralph Peterson, Antonio Sanchez, Ari Hoenig, Matt Wilson, Nasheet Waits, Tom Rainey, Ali Jackson, Tommy Campbell… Les chanteuses Jane Monheit, Claudia Acuna, Elisabeth Kontomanou et bien d’autres musiciens, comme Chuck Mangione, Julian Priester, Joe Locke…
Vincent Bourgeyx a également enseigné le piano au Koyo Conservatory de Kobé, au Japon, et participé à des Master Class concerts, au Berklee College of Music de Boston, avec Jane Ira Bloom et à l’International Association of Jazz Educators, en 1998 et 2001.
Vincent Bourgeyx a enregistré de nombreux disques en tant que sideman, avec différents labels américains, européens et japonais et quatre disques en leader. Depuis son retour en France, il s’est déjà produit avec des musiciens hexagonaux de tout premier plan comme Sylvain Beuf, Jean-jacques Avenel, Pierre Boussaguet, Médéric Collignon, David El-Malek, Sara Lazarus, Laurence Allison, Linley Marthe, Stéphane Belmondo, Stéphane Huchard…
Il obtient un prix de soliste au Concours Jazz de La Défense en 2003. Il est aussi l’auteur de musique pour le cinéma et écrit notamment la musique de BLACKMAIL d’Alfred Hitchcock.

Jacques MORGANTINI

Jacques MORGANTINI : QUI EST CE?
Par Bruno PFEIFFER (membre l’Académie du Jazz)

morgantini02A partir de 1945, le gratin du blues américain passe par la région Midi-Pyrénées grâce à Jacques Morgantini, bras droit d’Hughes Panassié, fondateur et figure du Hot Club de France.

morg01Photo : Avec John Lee Hooker

Ce fils d’un ingénieur du son, fonde en 1945 la section de Pau du Hot Club, la structure associative qui lui permettra d’organiser des concerts de Blues. De Muddy Waters à John Lee Hooker en passant par T-Bone Walker ou Buddy Guy, des dizaines de bluesmen lui doivent la notoriété, et surtout des archives sur eux-mêmes… lesquelles n’existent même pas aux USA! Sans compter des heures d’enregistrements uniques. Comment ne pas vibrer en entendant Sister Rosetta Tharpe hurler Let’s Shine! Ne pas s’émerveiller de Luther Allison qui soulève le public de Pau en 1977, sur Sweet Home Chicago! De Memphis Slim! De Wilie Mabon! De Big Joe Williams! De Koko Taylor, enfin, en 1973, dont la véhémence naturelle explose! Dans le DVD Mémoire de Blues, Morgantini évoque les prestations historiques de Toulouse à Biarritz… Et leur passage dans le studio de sa maison de Gan (Pyrénées atlantiques). L’on ressort éberlué des quatre heures passionnantes du documentaire réalisé par Jacques Gasser : jamais autant d’inédits de géants du blues n’ont été concentrés dans une sortie récente. Ni autant de propos aussi affectueux, aussi pertinents, aussi exclusifs sur la musique du diable, qui a marqué le siècle

morg02Avec Big Bill Broonzy en 1951, à Gan

Pour celui qui a ouvert à la fois les yeux et le coffre aux merveilles à des milliers de gens (pendant mon adolescence, je découvrais ses commentaires extasiés au dos des vinyles de blues), «le blues signifie exprimer en chansons les émotions que suscite la vie quotidienne». Et non un bêlant : ça -veut-dire-que-je-t’ai-ai-ai-me! Il cite Kokomo Arnold, qui rapporte les dégâts sur les cultures du charançon (Bo Weavil), chanson pour laquelle le label qui enregistra le 78 Tours (et 5 autres : 12 titres en tout), rémunéra l’artiste d’une bouteille de whisky! Ou Kokomo relatant la chute de sa mule (Me mule laid down and died). Le chanteur ne pleurniche pas. Le bluesman expose. Dignement. Le blues a trait au fleuve, à une guitare, à un arbre. Pour le griot du Hot Club de Pau, «le blues c’est la dignité». Il formule un touchant constat : «on est gagné par une impression de commencement du monde». En 1951, Morgantini invite Big Bill Broonzy en France. Big Bill séjournera 8 jours à Pau (41 personnes dans la salle au concert!). Ample moisson de récits. Morgantini apprend de la bouche de Muddy Waters que c’est Big Bill qui l’a attiré à Chicago. Puis il met en place les tournées du Chicago Blues Festival, gérées par Jean-Marie Monestier. Jacques et son épouse Marcelle enregistrent les monstres sacrés chez eux. Ou pendant les concerts de Pau, Bayonne, Biarritz, Bordeaux, Orange, Nice. Ainsi de John Lee Hooker dans la maison de Gan (France), dont le son deviendra le vinyle Get Back Home (Morgantini : « A ma grande surprise, John Lee me demandera une simple planchette de bois. Il tape dessus de la semelle : celle-ci fera office de batterie!)

morg03Avec T-Bone Walker

Il lance la collection Black and White, réédite la Bluebird Anthology, en partant de ses exemplaires 78 tours. Se retrouve à l’origine de centaines de disques en CD (EPM, Frémeaux et Associés). Marcelle décide alors de se rendre à Chicago dans les quartiers noirs de Chicago (South side,West side) avec son fils Luc, afin d’enregistrer le blues électrique au coeur même de son origine. Sur place, à Chicago, ils tombent sur les futurs boss du blues Jimmy Dawkins, les frères Myers, Homesick James, Freddy Below, Big Voice Odom, Magic Slim, Jimmy Johnson, Bobby King. Leur travail les rendra célèbres. C’est de cette manne que naquit le label MCM (17 vinyles de légende).

Actuellement, à 94 ans, Jacques Morgantini continue d’enregistrer les bluesmen dans sa maison, organise des concerts, continue les piges de critique musical, anime des émissions de radio, organise des stages, donne des conférences. En 2017, un Keeping the Blues Alive Award, décerné par la Blues Fondation de Memphis, honore le passeur pour l’ensemble de son oeuvre. Jacques Morgantini entre vivant dans l’épopée qu’il a contribué à forger : la légende du blues.