LA PULSATION !

morgantini01La pulsation en Jazz (et en Blues) a une importance primordiale, de sa vigueur, de sa souplesse naît le SWING, qui est en fait, la qualité supérieure de cette musique ! C’est ce swing qui rend l’audition du Jazz tellement exaltante, et qui donne des fourmis dans les jambes ! C’est également lui (le SWING), qui le différencie de toutes les autres musiques ! Car, encore une fois, sans swing pas de grand Jazz !

 Cette pulsation provient principalement de la cohésion, de la fusion de la section rythmique, de sa souplesse aussi ! C’est elle qui soutien, mais surtout propulse les musiciens (solistes et orchestres) vers les sommets !
Ainsi supportés, presque guidés, les musiciens donnent alors le meilleur d’eux-mêmes, au point de ne faire qu’un avec la section rythmique. Leur swing personnel, la manière dont ils phrasent, dont ils accentuent certains passages se conjuguent avec cette pulsation fournie par les rythmes.
Certains musiciens, grands swingmen stimulent les sections rythmiques, il y a communion, un échange permanent entre eux. Le piano, la guitare, la contrebasse et surtout la batterie doivent être sans cesse en éveil et jouer pour aider, soutenir, nourrir, aiguillonner, porter le soliste qui est alors placé dans des conditions idéales pour improviser dans l’euphorie. Certes le rôle de ces accompagnateurs est de fournir la succession des accords du morceau, mais à quoi cela servirait-il sans la qualité de la pulsation, sans sa souplesse, son élasticité, sans son swing ??
Le rôle du batteur est primordial, aussi, amateurs, lorsque vous écoutez du jazz, écoutez en premier la partie de batterie, le cœur de l’orchestre est là ! De son efficacité, de son punch, dépendront le rendement de tous, orchestre et solistes !
Un mauvais batteur peut ruiner le meilleur des orchestres ! Après 1960, on a vu apparaître de multiples batteurs, qui dans leur coin, jouent quasiment un solo, sans prêter la moindre attention aux autres artistes, qu’ils sont sensés accompagner et à ce qu’ils jouent ! Un comble !!! Ils n’ont rien compris à l’importance du rôle de la batterie !
Oublions les, et écoutons les plus grands maîtres, ceux qui sont à l’écoute des autres pour leur apporter, le plus approprié des soutiens, et la meilleure des stimulations possibles !
Dans tous les styles, il y a eu d’exceptionnels drummers qui ont su adapter leur jeu à celui des orchestres et solistes qu’ils avaient la charge de soutenir, de stimuler, de pousser, d’exalter !
A la Nouvelle-Orléans ce furent les Baby Dodds, Zutty Singleton, Minor Hall, comme plus tard, pour les big bands et les petites formations, les Chick Webb, Lionel Hampton, Cozy Cole, Big Sid Catlett, Jo Jones, Jimmy Crawford, Panama Francis, J.C. Heard, Alvin Burroughs, … sans oublier pour le blues, le génial Fred Below !
Suivant les styles, les époques, ont peut décrire les différents tempos utilisés par les batteurs :

 Tempo Nouvelle-Orléans : Les drummers utilisent souvent le « press-roll » sur la caisse claire ( roulement attaqué sur le temps faible et porté jusque sur le temps fort suivant), et mise en évidence du temps faible avec rebond sur le temps fort.

Tempo Charleston : Le plus utilisé dans la « période swing » : rythme syncopé avec un coup sur le temps faible, suivi de deux autres coups, le dernier arrivant sur le temps fort (utilisé sur la cymbale « charleston », ou sur la grande cymbale (ride cymbal).

 Shuffle Rhythm : Rythme qui pousse les musiciens avec 2 impulsions rapidement et régulièrement répétées.

 After-Beat : accentuation très marquée des temps faibles (contre-temps =after-beat). Moyen très efficace de renforcer le tempo ! (hand-claping = frappement des mains sur le temps faible) car dans toutes les musiques des noirs US (jazz, blues, gospel) on accentue les 2ème et 4ème temps de la mesure, les temps « faibles » !

 Bounce Rhythm : le rythme popularisé par les musiciens de Kansas-City, temps égaux joués avec une extrême souplesse, avec rebond de l’un sur l’autre. Elasticité obligatoire !

Souvent les bassistes et guitaristes se joignent à la batterie pour renforcer le tempo adopté par les batteurs ! D’où une extrême cohésion des rythmiciens (que ce mot est laid !). Bah !

Dans certains morceaux on a vu, parfois, l’intrusion de rythmes cubains, des caraïbes et autres

« tagada-tsoin-tsoin ». Le jazz a tout à y perdre, car ces rythmes ficellent les solistes, les brident, en aucun cas ils ne peuvent se livrer pleinement.
Mais lorsque, après ces rythmes étrangers au jazz, arrive le vrai tempo salvateur (le jazz est une musique à 4 temps), le swing arrive par magie, c’est la libération, le bonheur !
Avec cette pulsation, désormais implacable, les solistes sont poussés, survoltés et s’envolent aussitôt dans leurs variations !

Ces tempos « non-jazz » sont des carcans qui ligotent les musiciens et les freinent dans leurs improvisations ! Et le vrai Jazz n’a rien à gagner à faire des emprunts de rythmes qui ne sont pas dans son essence, dans sa tradition ! CHACUN CHEZ SOI ! On ne demande pas à la section rythmique de Count Basie qui fût la meilleure au monde d’accompagner des valses de Vienne, ou du tango argentin !!! Encore une fois ! CHACUN CHEZ SOI !

Vive la pulsation du VRAI jazz et encore une fois, écoutez en premier la batterie, c’est de là que tout part !

Jacques MORGANTINI

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