Deux pianistes très inspirés
Deux générations, deux styles, deux choix dans l’expression artistique mais un même talent devant un clavier. Pour son dernier concert au siège de l’association à Morlaas, Pau Jazz a proposé en effet à ses fidèles adhérents un préambule classique exécuté par un jeune pianiste palois. Gauthier Dufossez a 17 ans et l’assurance des musiciens chevronnés. Il a un solide bagage technique acquis au conservatoire de Pau. Mais qu’il met au service du répertoire classique à sa manière. Partant en effet du principe que les plus illustres compositeurs se plaisaient naguère à improviser en interprétant des œuvres célèbres, il en fait de même en imaginant des phrases harmoniques qu’il compose spontanément. C’est ainsi que nous avons découvert des pièces signées Bach, Ravel, Chopin, Stravinsky… difficilement identifiables mais gardant la couleur et l’expression de leur création d’origine.
Gauthier qui envisage de poursuivre ses études musicales à Toulouse et Paris reste un musicien plus branché « classique » que « jazz », que celui-ci soit traditionnel ou moderne. Le jazz, il laisse le soin à Eric Braccini de le faire vibrer avec intensité et chaleur. Pour avoir connu Eric il y a presque un quart de siécle, nous mesurons avec plaisir et intérêt.la formidable évolution de son art pianistique. Il nous est apparu maître de son clavier, naturellement swing, capable d’interpréter un jazz épanoui, brillant, inspiré par les compositions des pianistes des années 50-70 et notamment quelques airs indémodables de Michel Legrand . Un vrai plaisir pour le public, d’autant plus fort qu’Eric avait comme acolyte, en plus de son habituel batteur Guillaume, un contrebassiste exceptionnel, Olivier Potratz, musicien allemand qui sait faire chanter son imposant instrument avec délicatesse comme s’il s’agissait d’un violoncelle.
Encore , donc, une très chaleureuse soirée à l’actif de Pau jazz qui prépare une rencontre prometteuse, le 11 mai, au lycée de Montardon, entre le quatuor Isaby ( musiciens de l’OPPB) et le trio du pianiste Philippe Duchemin.
Par Jean Michel GUILLOT